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Association "1846"

La fortification du XIXe siècle : connaître et partager

Deux forts "pied dans la porte"

© Géoportail
© Géoportail

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Les ouvrages de fortification ne sont pas toujours conçus selon une logique purement défensive. Ils peuvent parfois s'intégrer dans une stratégie dynamique incluant la possibilité d'une contre-attaque : d'où la nécessité de garder certaines « portes » stratégiques ouvertes en y glissant un pied solide.

Deux exemples d'ouvrages créés à cette fin au XVIIIe siècle mais toujours en usage au XIXe : le fort de Penthièvre dans la presqu'île de Quiberon et celui de Saint-Père-Marc-en-Poulet – ou de Châteauneuf – près de Saint-Malo. Deux forts dont le rôle n'est pas toujours bien compris.

Dans les deux cas l’objectif est le même : il s'agit d'empêcher un ennemi étant parvenu à débarquer – anglais, donc – de se rendre maître d'un rétrécissement de terrain et de s'y retrancher pour empêcher l'arrivée de renforts venus de l'intérieur.

Quiberon

Fort de Penthièvre. La porte est signalée par une flèche rouge. © Géoportail

Fort de Penthièvre. La porte est signalée par une flèche rouge. © Géoportail

Le premier fort est construit en 1747 suite à une descente anglaise l'année précédente. Le fort, un redan flanqué par deux branches, est adossé à la falaise et fait face à la presqu'île. Il n'est donc pas question de s'opposer à une attaque venant du continent, mais bien de conserver un point d'appui. Le fort échoue à remplir son rôle en 1795 (mais l'ennemi débarqué échoue aussi à empêcher la contre-attaque, donc match nul). Il est complété par une caserne défensive sous l'Empire et complètement refondu de 1835 à 1845, ne gardant du XVIIIe siècle que son implantation et sa forme générale.

Saint-Père-Marc-en-Poulet

Fort de Châteauneuf. La porte est signalée par une flèche rouge. © Géoportail

Fort de Châteauneuf. La porte est signalée par une flèche rouge. © Géoportail

Le fort de Saint-Père, construit de 1777 à 1785, est souvent mal interprété. On lui prête généralement le rôle de défendre Saint-Malo – ce qui est vrai – contre une attaque venant de la terre – ce qui est faux. La simple observation de la localisation de la porte du fort contredit cette thèse : placée au sud, elle serait alors du côté de l'attaque attendue... En réalité le fort fait face au nord, au Clos-Poulet et à d'éventuelles forces ayant débarqué à Cancale. Il s'agit de tenir l'isthme de Châteauneuf entre la Rance et les terres basses marécageuses de la côte pour empêcher l'ennemi de s'y retrancher et conserver la route de Rennes ouverte à l'arrivée de troupes de secours.

Et garder ainsi un pied dans la porte qu'on se propose par la suite d'ouvrir en grand...

Situation de l'isthme de Châteauneuf sur la carte de Cassini. © Géoportail

Situation de l'isthme de Châteauneuf sur la carte de Cassini. © Géoportail

P. Jadé

Sources :

Service historique de la Défense, Vincennes, archives du Génie

Base de donnée en ligne de l'Inventaire du patrimoine culturel en Bretagne

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