13 Mai 2020
Le fort - ou château - de Bertheaume, si bien mis en scène par Patrice Pellerin dans sa série L’Épervier (ma doue !), est un ouvrage dont l'impressionnante implantation est de nature à exalter l'imagination. Hélas, celle-ci fait parfois prendre des raccourcis.
Les habitués de notre prose nous ont sans doute déjà vus venir : alors que le site a été largement remanié au XIXe siècle et en porte abondamment les traces, cela est régulièrement sous-estimé voire nié (y compris dans la littérature récente), ce qui nous rend chafouins et nous oblige à quelques compléments.
La chronologie et le bâti de l'endroit étant déjà suffisamment denses, nous laisserons pour l'instant de côté les établissements de terre-ferme.
Des mentions d'occupation militaire du noyau primitif de la position de Bertheaume, cet îlot rocheux si photogénique, existent depuis le Moyen Âge. N'étant pas castellologues, et ce point ayant déjà été abordé ailleurs (cf. bibliographie en fin d'article), nous ne développerons pas plus.
De toutes façons, le premier château n'est plus que ruines quand les ingénieurs militaires chargés d'organiser la défense du port de Brest à la fin du XVIIe siècle s'intéressent au site, d'abord Sainte-Colombe en 1677, puis Vauban à partir de 1683. Le rocher de Bertheaume est en effet bien placé pour participer à la défense de l'anse du même nom, à la fois mouillage d'attente pour passer le goulet et point de débarquement possible pour une attaque sur Brest.
Dans son projet pour Brest de 1689, Vauban demande de "faire une batterie de quatre canons de 16 à 18 livres sur le sommet isolé sur lequel était bâti autrefois le château de Bertheaume dont il paraît encore quelques ruines" (SHDAT, bibliothèque du génie, F° 33g, cité par J. Peter, p. 37). En avril 1694, il existe une batterie à cinq embrasures, armée de deux canons de 24 livres, un de 8 et deux mortiers. L'aspect de cette première batterie est connu par un document daté de la fin du XVIIe siècle, dû à un officier d'artillerie de marine nommé Musinot. Celui-ci y présente des travaux récents faits sous sa direction qui viennent compléter un ouvrage semi-circulaire existant, dont le parapet est effectivement percé de cinq embrasures.
Le fort gagne une bonne part de son aspect actuel à l'occasion d'une importante campagne de travaux au cours des années 1740, pendant la guerre de Succession d'Autriche (1740-1748).
Sont dus à l'ingénieur De Saccardi en 1742-1743 : le réaménagement de la plate-forme supérieure de l'îlot, la construction d'un magasin à poudre et d'un magasin aux bombes sur la plate-forme intermédiaire ouest, celle de la caserne/corps de garde - deux corps de bâtiments en appentis séparés par une étroite cour - et de sa citerne, et l'aménagement de l'escalier-pont permettant d'accéder à l'îlot depuis le "petit islet". Entre ce dernier et le "gros islet", un système de "bateau volant" similaire à celui déjà en place à la fin du XVIIe siècle est toujours utilisé pour accéder au fort, complété par un monte-charge destiné au matériel situé près de la batterie basse (à la fin du XVIIe siècle, une "machine à monter au château ce que l'on veut" existe déjà à l'emplacement de la batterie basse).
En 1744, Frézier fait rajouter une batterie basse à l'est de l'îlot, et entreprendre l'enceinte basse, achevée en 1745-1746. Estimant le magasin à poudre de la plate-forme intermédiaire construit par De Saccardi trop exposé, il en fait construire un nouveau près de la caserne. Il reconvertit l'ancien magasin à poudre en magasin d'artillerie/magasin aux bombes, déménage le magasin aux vivres de la caserne vers l'ancien magasin aux bombes et le complète par un deuxième local voûté niché contre l'escarpe de la batterie haute. En 1745-1746, sont également aménagées des latrines pour la troupe - près de la batterie basse - et pour les officiers - contre les magasins de la plate-forme intermédiaire. C'est également à la même époque qu'est construite la guérite dont les encorbellements subsistent dans la batterie haute. Enfin, une maison de gardien/corps de garde vient occuper le "gros islet".
Un plan et des coupes dressés par Frézier en 1754 permettent d’appréhender l'aspect du fort à l'issu de ces travaux, et qu'il conserve durant la seconde moitié du XVIIIe siècle. Sous réserve d'investigations archéologiques sérieuses, les parties les plus anciennes de l'îlot datent donc essentiellement des années 1740, à l'exception peut-être de l'angle est de la batterie haute. En effet, le projet de De Saccardi en 1743 mentionne à cet emplacement un "ancien ouvrage à détruire [...] ainsi que la guérite". Or ces pans d'escarpes et de parapet et la guérite qui en occupe le saillant sont finalement conservés. La guérite est seulement découronnée, Frézier prévoyant de la remonter à son nouvel emplacement. Actuellement, cette partie de la batterie haute se distingue par une maçonnerie davantage envahie par les herbes. Ce différentiel végétal permet d'ailleurs aussi de distinguer l'emplacement d'un escalier permettant de descendre à la batterie basse et bouché au XIXe siècle. Il est cependant difficile de dater ces vestiges, la correspondance avec le plan de Musinot ne pouvant être clairement établie pour ce qui est de la fin du XVIIe siècle.
L'armement des deux batteries de l'îlot évolue peu du milieu du XVIIIe au début du XIXe siècle. Dans la batterie haute, six canons de 24 livres sur affût marins sont installés sur des plates-formes en pierre pour du tir à barbette vers le vestibule pour certains ou vers l'anse de Bertheaume pour d'autres. En retrait, deux mortiers de 12 pouces lancent leurs bombes dans le vestibule. Les trois - puis quatre à la fin du XVIIIe siècle - canons de 12 livres sur affûts marins de la batterie basse tirent à barbette vers l'anse.
Il convient de rappeler qu'aux XVIIe et XVIIIe siècles le fort de Bertheaume n'est qu'un élément du dispositif de retranchements, redoutes et batteries défendant l'anse homonyme, et qui s'échelonnent depuis la pointe du Grand Minou.
Pour l'anecdote, en 1805, une des quatre grandes batteries destinées à favoriser la sortie de la flotte de l'amiral Ganteaume dans le cadre du projet d'invasion de la Grande-Bretagne est construite à la pointe de Créac'h Meur à un kilomètre au sud-ouest du fort de Bertheaume (pour en savoir plus sur cette "batterie Augereau" et ses trois comparses Sarrazin, Varé et Sarrut).
Un épisode de l'histoire mouvementée et encore pleine de trous des moyens d'accès au fort s'écrit pendant la guerre d'Indépendance américaine.
L'auteur d'un mémoire de 1782 sur les fortifications littorales de l'ouest de la Bretagne, indique à propos du fort de Bertheaume que "la communication a été établie en 1778 sur le grand canal au moyen d'un pont de cordes soutenu par deux piles distantes de 143 pieds, en arrière desquelles sont des corps-morts servants de point de suspension ou d'attache aux chaînes auxquelles sont amarrés les quatre cordages principaux qui portent le pont" (SHDAT, 3 W 30, Mémoire abrégé de l'état actuel des forts, châteaux et batteries de côtes de Bretagne entre les rivières de Quimper et de Morlaix, 1er novembre 1782). Il rajoute que "l'on conçoit qu'une communication de cette espèce est sujette à un grand entretien et à être souvent interrompue" et propose pour 1783 de construire un pont en charpente sur piles en maçonnerie (sans suite). Le pont de cordes est remisé au retour de la paix en 1783.
En 1791 "on ne communique plus qu'à basse marée et par des marches pratiquées dans le roc" (SHDAT, 1 VD 40, Suite du mémoire contenant les observations des commissaires nommés par le ministre de la Guerre en vertu du décret du 22 juillet 1791 sur les places de guerre, 5 septembre 1791). Un rapport de mai 1793 conservé aux archives départementales du Finistère et cité par l'association PHASE fait état du rétablissement du pont de cordes, de même qu'un autre mémoire d'octobre de la même année conservé au SHD de Brest (Ms 179). Le pont de cordes est clairement représenté dans The Little Sea Torch illustré par John Thomas Serres (1801). Il est de nouveau attesté graphiquement au moins à partir de 1817, mais est mentionné avoir été lourdement réparé dès 1814 (to be continued...).
Au sortir des guerres de la Révolution et de l'Empire, le fort de Bertheaume a peu évolué depuis les années 1740. Seuls ajouts notables, en 1793, un fourneau à réverbère à rougir les boulets a été construit dans la batterie haute, tandis qu'un magasin au bois surmonté d'un logement pour les canonniers est venu s'implanter contre le pignon ouest de la caserne.
S'ils continuent à juger sa situation favorable à la défense de l'anse de Bertheaume, les ingénieurs militaires de la Restauration et de la monarchie de Juillet reprochent néanmoins au fort d'être mal couvert contre les vues - et donc des tirs - depuis les hauteurs de la côte. C'est par exemple le jugement du général Marescot dans son rapport à la commission de défense de 1818 : "Le château de Bertheaume est tellement dominé, qu'il ne pourrait résister contre une attaque de terre" (SHDAT, 1 VD 44, Commission de défense, chapitre 4ème, frontière de l'Océan depuis la rivière de la Bidassoa jusques à l'archipel d'Ouessant inclusivement, 1818).
A partir des années 1820 ils multiplient donc les projets pour y remédier. Les réalisations interviennent cependant après que la période de tensions diplomatiques de 1830-1831 consécutive aux révolutions française et belge vient augmenter les budgets alloués à la défense des côtes. De 1833 à 1839, les interventions consistent en le rehaussement des parapets et l'aménagement de circulations à couvert, que ce soit au moyen de tunnels (escaliers de la plate-forme intermédiaire et de la batterie haute) ou de murs-traverses (enceinte basse). Le détail des campagnes de travaux est le suivant :
- 1833 : abaissement du sol de la batterie haute pour l'adapter aux affûts de côte et reprise de ses parapets ; la guérite de la batterie haute est détruite à cette occasion.
- 1834 : destruction du fourneau à réverbère, destruction de l'escalier d'accès à la plate-forme intermédiaire et à la batterie haute, construction de l'escalier souterrain actuel de la batterie haute et reconstruction d'une partie de son escarpe ouest.
- 1835 : construction de l'escalier souterrain actuel de la plate-forme intermédiaire et du mur de soutènement nord de celle-ci.
- 1836 : aménagement des banquettes de tir terrassées de la plate-forme intermédiaire, construction d'un mur-traverse percé d'une porte entre la caserne et le mur d'enceinte ouest au niveau de l'escalier d'accès à la poterne.
- 1837 : rehaussement des parapets de l'enceinte basse et aménagement de banquettes de tir terrassées.
- 1838-1839 : rehaussement des parapets de la rampe d'accès à la batterie basse et aménagement de banquettes de tir terrassées, construction d'un mur-traverse percé d'une porte entre l'angle nord de la caserne et le mur d'enceinte nord, réaménagement de la batterie basse pour l'adapter aux affûts de côte et aménagement de l'orillon pour y placer une pièce d'artillerie.
Débouché bas de l'escalier souterrain (1834) de la batterie haute. Noter la différence entre la maçonnerie de la partie droite de l'escarpe et celle de gauche
Le 2 février 1836, rebondissement dans le feuilleton des moyens d'accès au fort : un coup de vent emporte le pont de cordes. Des propositions de pont suspendu sur câbles métalliques sont rapidement formulées par les ingénieurs, et réitérées plusieurs années durant, mais en vain. Désormais, le seul accès au fort se fait à marée basse en empruntant des digues-chaussées construites en 1825.
Le 4 février 1840, nouveau coup de théâtre : le pont dormant en bois entre la terre ferme et l'îlot du gardien est détruit à son tour par les éléments déchaînés. Cette fois, le génie ne joue plus et le remplace dans l'année par un ouvrage en maçonnerie.
En 1846, re-coup du sort, une tentative de rehausser la chaussée tombe littéralement à l'eau. Trois ans plus tard, c'est le succès : les vieilles digues sont remplacées par le radier actuel en pierres de taille avec noyau en béton de mortier.
Projets de ponts suspendus en 1837 pour remplacer le pont de cordes (© Service historique de la Défense)
Après le problème du défilement, la période 1815-1870 voit les ingénieurs militaires aux prises avec trois autres questions dont la résolution impose de concilier l'évolution de l'architecture militaire face aux progrès des moyens d'attaque et l’exiguïté de l'îlot rocheux sur lequel est établi le fort de Bertheaume : amélioration du casernement, augmentation de la capacité et de la protection des réserves de poudre, installation du nouvel armement selon les normes en vigueur.
Les quelques projets de caserne proposés des années 1820 aux années 1840 ont en commun de vouloir investir l'espace entre la batterie haute et la batterie basse, à flanc de rocher. Le manque de place et la volonté de faire des économies en conservant l'usage de la vieille caserne du XVIIIe siècle pourtant jugée trop petite et inconfortable, ont raison de ces velléités. Un de ces projets (cf. ci-dessus état en mars 1840) implique l'installation de la caserne dans une grotte artificielle sous le rocher. Une idée alors abandonnée mais exploitée plus tard.
Le projet le plus abouti, une caserne voûtée à l'épreuve pour une cinquantaine d'hommes, en 1841 (© Service historique de la Défense)
La commission de défense des côtes de 1841 ayant attribué au fort de Bertheaume un armement composé de deux canons de 30 livres, deux obusiers de 22 cm et deux mortiers de 32 cm, les officiers du génie s'emploient des années 1840 aux années 1860 à caser cette artillerie dans l'ouvrage hérité du XVIIIe siècle. C'est une gageure, car les normes récemment adoptées pour tenir compte des progrès de l'artillerie imposent de placer les pièces derrière des parapets de six mètres d'épaisseur et de les espacer bien plus qu'auparavant (sept à huit mètres), ce qui les confronte à nouveau au problème du manque de place dans le fort.
En 1847, les parapets de la batterie haute sont terrassés. Les épaisseurs de terre rajoutées sont encore visible actuellement, sauf sur le côté sud : durant les travaux des années 1990 la terre a été enlevée, laissant le mur de genouillère à nu.
Projet de terrassement de la batterie haute en 1845 (© Service historique de la Défense) et vestiges du parapet de 1847
Après avoir délaissé Bertheaume pendant les années 1850 pour s'occuper des autres ouvrages de la région, la chefferie du génie du Conquet se penche de nouveau sur son cas au début des années 1860. Le problème de l'installation de l'artillerie n'est toujours pas réglé. En 1861, il est décidé que les deux mortiers iraient se loger dans la batterie haute, tandis que les quatre autres bouches à feu doivent prendre place dans une batterie basse entièrement réorganisée. Le souci d'éviter de laisser cette batterie adossée au rocher - avec le risque de se voir criblé d'éclats en cas de projectile frappant la paroi - font néanmoins reprendre plusieurs fois le projet jusqu'au milieu des années 1860, sans parvenir à une solution réellement satisfaisante. Les ingénieurs militaires vont même jusqu'à envisager de recouvrir la batterie d'un blindage léger en bois et en terre.
Ils finissent par se résoudre à installer la batterie de deux canons de 30 livres et deux obusiers de 22 cm sur la terre ferme, quitte à lui donner une organisation défensive contre les attaques terrestres. Les projets en ce sens sont bien avancés à la veille de la guerre de 1870. Le pas est franchi quand la position est réorganisée dans les années 1880.
Les derniers travaux sur l'îlot avant son relatif abandon durant le dernier quart du XIXe siècle consistent en l'achèvement de la batterie de deux mortiers, dont les plates-formes sont construites au sommet du fort en 1868-1869 et en le creusement du nouveau magasin à poudre du fort sous la batterie haute. Ce dernier apparaît dans les projets en 1865 pour être substitué au magasin à poudre existant, de trop petite contenance. L'excavation du rocher commence en 1868-1869 mais s'avère plus difficile que prévu du fait de la nature de la roche. Si la grotte a bien été creusée, il n'est pas certain que le magasin a pu être achevé avant la guerre de 1870.
Projet de la batterie de mortiers et du magasin à poudre souterrain en 1868 (© Service historique de la Défense)
A partir de la construction des nouvelles batteries de côte sur le continent, il ne se passe plus grand chose au vieux fort de Bertheaume. Il a bien été envisagé en 1881 d'installer deux des nouvelles pièces d'artillerie lourde sur l'îlot, mais sans suite. Le fort échappe de peu au dérasement pour dégager le champ de tir des batteries de terre ferme en 1883 et perd sa caserne - sans doute pour les mêmes raisons - à une date inconnue entre 1884 et 1895. La maison du gardien sur son îlot est agrandie en 1884.
Le fort reprend du service à la veille de la Première Guerre mondiale en tant que "poste photo-électrique", c'est-à-dire poste de projecteur. Le plan d'éclairage de la place de Brest de 1907 prévoit un projecteur de 150 cm de diamètre affecté au service du groupe de batteries de Bertheaume pour le combat de nuit. Son emplacement et tous les éléments nécessaire à son fonctionnement sont installés sur le rocher en 1912-1913.
Le poste photo-électrique de Bertheaume se compose :
- de l'abri de combat du projecteur, relié à son abri de jour par voie étroite ; ces deux éléments combinés en une unique casemate en maçonnerie recouverte d'une dalle en béton armé sont implantés entre la batterie haute et la batterie basse ;
- d'un poste de commande à distance, placé dans la batterie haute sous une casemate partiellement bétonnée ;
- d'une usine de production d'électricité, abritée dans l'excavation prévue pour le magasin à poudre de 1868-1869 ;
- d'un magasin à pétrole qui réutilise l'ancien magasin à poudre du XVIIIe siècle ;
- d'une citerne d'eau, implantée au pied de l'escarpe nord de la batterie haute ;
- d'un casernement pour les servants, immédiatement derrière la batterie basse ; il est divisé en deux pièces, l'une pour la troupe (qui dort en hamacs), l'autre pour l'encadrement ;
- d'une cuisine et d'un magasin aux vivres dans l'orillon de la batterie basse.
Les casemates du projecteur (actuellement détruite) et du poste de commande sont souvent prises à tort pour des ouvrages allemands de la Seconde Guerre mondiale. D'autres casemates du même type sont construites dans les années 1910 dans la région de Brest : à Toulbroc'h, au Dellec, au Portzic, au Corbeau, à Kerviniou et à l'îlot du Diable (Fraternité). Elles sont également sujettes au même type de confusion.
En 1912, l'accès au fort se fait toujours en empruntant le radier de 1849 à marée basse, mais une passerelle est visible sur la photo aérienne de 1919 : l'installation du poste-photo-électrique a pu être l'occasion de rétablir une communication permanente avec la terre ferme.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands construisent sous la batterie haute une casemate pour un canon de 75 mm dirigé vers l'anse. Les relevés effectués après-guerre mentionnent aussi trois postes de mitrailleuses sur le rocher, qui pourraient correspondre à des cuves visibles sur la plate-forme intermédiaire et sur la batterie haute.
Le fort est racheté à la Défense par la commune de Plougonvelin en 1989. A partir des années 1990 le site est lourdement réaménagé pour en faire un espace de loisir.
En guise de conclusion :
1° L'empreinte de Vauban sur le fort de Bertheaume se limite peut-être à deux pans de murs, l'aspect actuel de l'ouvrage étant surtout dû à deux campagnes de travaux dans les années 1740 et dans les années 1830.
2° Une fois évacuée la confusion avec les éléments du poste de projecteur de 1912-1913, la marque des Allemands se limite essentiellement à une casemate pour canon.
Fortariciologie : 2 / syndrome "de Vauban à Todt" : 0
Il y a cependant encore de nombreux points obscurs dans l'histoire de ce petit rocher fortifié.
P. Jadé
Remerciements à J.-M. Balliet, D. Cadiou, L. Chauris, A. Cloarec et L. Duigou.
Sources :
Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes, archives de l’État-major de l'Armée.
Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes, archives du Génie.
Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes, archives de l'Artillerie.
Service historique de la Défense, département Marine, Brest.
Archives départementales du Finistère.
Bibliothèque nationale de France.
Service régional de l'Inventaire de Bretagne.
Guillaume Lécuillier (dir.), Les Fortifications de la rade de Brest : défense d'une ville-arsenal, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « cahiers du patrimoine », 2011.
Jean Peter, Vauban et Brest, une stratégie modèle de défense portuaire (1683-1704), Paris, Economica, 1998.
Alain Chazette et al., Forteresse de Brest. La région de Saint-Renan, Vertou, Editions Histoire et Fortifications, 2014.
Louis Chauris, Les forts de la défense avancée de Brest, VII : Bertheaume, Le Progrès - Le Courrier, 17 et 31 janvier 2004.
Yves Chevillotte, "Le château de Bertheaume, la pointe de Perzel, des origines à Vauban (1694)", Plougonvelin, 1990, 15 p. dactylographiées, Histoires et choses d´autrefois à Plougonvelin.
Yves Chevillotte, "Franchir l'abîme", Les Cahiers de l'Iroise, n° 164, 1994, p. 51-56.
Yves Chevillotte, "Le château de Bertheaume, la pointe de Perzel, des origines à nos jours", in Saint-Mathieu de Fine-Terre à travers les âges, Actes du colloque du 22 et 23 septembre 1994, CRBC / Amis de Saint-Mathieu, 1995, p. 127-130.
Association PHASE, Bertheaume, Plougonvelin - Finistère, Un rocher témoin de l'histoire des hommes, Plougonvelin, PHASE, 2017.
Louis Caradec, Bertheaume, sentinelle de la rade de Brest, s.l., s.n., 2016.
Patrick Jadé, "Le pittoresque face aux archives : retour sur les moyens d‘accès à l’îlot fortifié de Bertheaume", Les Cahiers de l’Iroise, hors-série n° 10, septembre 2022, p. 115-133.