Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Association "1846"

La fortification du XIXe siècle : connaître et partager

Fort des Capucins, Roscanvel

Ou comment transformer un îlot rocheux en ruine pittoresque, en six étapes ; augmenté d'une réflexion sur la notion de paysage en fortariciologie.

© Géoportail
© Géoportail

© Géoportail

Avant tout, munissez-vous d'un îlot battu par les flots (une exposition aux houles dominantes facilite les choses), si possible constitué de roches sombres (des schistes et quartzites de Plougastel feront très bien l'affaire).

Îlot des Capucins, détail d'un plan de 1811 (© Service historique de la Défense)

Îlot des Capucins, détail d'un plan de 1811 (© Service historique de la Défense)

1. Un projet de Vauban himself

Ce n'est pas indispensable, mais ça ajoute du prestige. Attention toutefois à ne pas en abuser, au risque de développer un syndrome "de Vauban à Todt".

Afin  de compléter la défense du goulet, reposant déjà sur les solides batteries du Mengant, de Cornouaille, du Portzic et de la pointe des Espagnols complétées par des ouvrages secondaires, Vauban envisage en 1695 de faire construire une nouvelle batterie sur le rocher des Capucins. Il formule cette proposition pour la première fois dans un "Mémoire qui prouve la nécessité de mieux fortifier les deux côtés du goulet de Brest qu'ils ne l'ont été du passé ; l'utilité et l'épargne qui en reviendront au Roi" du 28 juillet 1695 (SHDAT, 1 VH 446, pièce 28). Il la réitère plusieurs fois au cours des années suivantes, avec de solides arguments : "il y a un rocher ou îlot détaché au-dessous de la pointe du Capucin, très propre pour une batterie de 24 ou 25 pièces de canon qui, croisant de là sur l'entrée du goulet et sur la rade de Camaret, sera très bien posté pour répondre à celle du Minou et pour commencer le carillon du goulet et achever de donner toute la perfection requise de ce côté" (cité in Jean Peter, Vauban et Brest, page 211) ; "Une fois [cette batterie] faite et celle de la pointe des Espagnols achevée [...] la rade deviendra aussi sûre que le port lui-même" (ibid., page 205). Vauban prévoit un armement conséquent : 10 canons de 48 livres et 14 de 36.

En janvier 1696, l'ingénieur Jean-Pierre Traverse envoie un premier projet suivant les indications de Vauban. Il consiste en une batterie de 25 embrasures gagnée sur le rocher, complétée par une caserne établie derrière la crête rocheuse conservée. La gorge de l'ouvrage est fermée par un mur crénelé ; l'accès se fait à marée basse.

Copie conforme du projet de 1696 réalisée en 1847 par le chef du génie de Quélern (© Service historique de la Défense)

Copie conforme du projet de 1696 réalisée en 1847 par le chef du génie de Quélern (© Service historique de la Défense)

L'ampleur des déroctages nécessaires, et donc leur coût, a sans doute raison du projet de Vauban, sans cesse ajourné faute de fonds. Pendant 150 ans, il n'y a à la pointe des Capucins qu'une petite batterie haute armée de quelques mortiers.

Profils du projet originel de 1696, annoté par Vauban (© Service historique de la Défense)

Profils du projet originel de 1696, annoté par Vauban (© Service historique de la Défense)

2. Un fort taillé dans le roc

C'est quand même plus impressionnant, mais ne pas regarder à la dépense.

Suivant les recommandations d'une commission chargée de l'étude des défenses du goulet en 1837, la commission de défense des côtes de 1841 ressuscite le projet de batterie sur le rocher de la pointe des Capucins, en lui attribuant 12 bouches à feu modernes (6 canons de 30 livres et 6 obusiers de 22 cm) ainsi qu'une tour crénelée devant lui servir de réduit, à établir au sommet de la falaise sur l'emplacement de la batterie haute - dans une configuration similaire à celle de la batterie de Cornouaille, entre autres.

Etat des lieux de la pointe des Capucins en 1847 (© Service historique de la Défense)

Etat des lieux de la pointe des Capucins en 1847 (© Service historique de la Défense)

Le projet de Vauban et Traverse ressort donc - littéralement - des cartons du génie.

En effet, le chef du génie de Quélern s'inspire très largement du projet de 1696 conservé dans les archives de la direction du génie de Brest pour établir son propre projet en 1846-1847. Il se contente de prévoir un parapet terrassé à barbette conforme aux nouvelles normes. La caserne - qu'il prévoit non défensive du fait de la difficulté d'aborder l'îlot - est également établie à couvert du moignon de rocher conservé. L'ingénieur propose dans le même envoi une variante de son projet dans laquelle l'îlot n'est pas dérocté sur la totalité de son pourtour à des fins d'économies, ainsi que demandé par l'inspecteur général du génie, le général Berthois, lors de sa tournée d'inspection en 1846.

Malgré les objections du directeur des fortifications de Brest, qui fait observer qu'une batterie établie sur le rocher des Capucins serait plus vulnérable à la fois au tir des navires et à une prise à revers depuis la côte qui la domine, le Comité des fortifications valide en juin 1847 le second projet du chef du génie en demandant de réduire encore le volume des déroctages.

Premier projet du chef du génie pour 1847 (© Service historique de la Défense)

Premier projet du chef du génie pour 1847 (© Service historique de la Défense)

Variante low-cost du projet supra (© Service historique de la Défense)

Variante low-cost du projet supra (© Service historique de la Défense)

Les travaux qui se déroulent de 1847 à 1849 coûtent cependant plus de 116 000 francs-or, soit la plus importante dépense de la période 1815-1870 dans la région de Brest pour un ouvrage d'artillerie de côte (mais à titre de comparaison : le fort de Quélern revient quant à lui à plus d'un million de francs...).

Crête artificialisée du rocher

Crête artificialisée du rocher

Plan du fort en 1861 (© Service historique de la Défense)

Plan du fort en 1861 (© Service historique de la Défense)

La batterie s'organise en deux parties séparées par un pan de rocher, un terre-plein sud pour trois pièces et un terre-plein nord pour neuf. Les parapets sont taillés dans la roche, complétés par un peu de maçonnerie. Le revêtement de terre qui les recouvrait a désormais disparu, de même que le cantelage en briques recouvrant les plongées.

Aperçu du parapet de la batterie sud et détail d'un socle d'affût de côteAperçu du parapet de la batterie sud et détail d'un socle d'affût de côte

Aperçu du parapet de la batterie sud et détail d'un socle d'affût de côte

La caserne pour 60 hommes prend place derrière le rocher central, bien à l'abri des coups. S'y retrouvent les mêmes espaces que dans un corps de garde de batterie standard, avec, du nord au sud : un magasin à poudre voûté, un magasin d'artillerie, une vaste chambrée de troupe, un groupe de trois pièces abritant la cuisine et les magasins aux vivres et enfin, accessibles par le pignon sud, les chambres du chef de poste et du gardien. La citerne est sous la cuisine. Elle est alimentée depuis une surface de recueil aménagée sur la face est du rocher central, au moyen d'une gouttière creusée le long de l'escarpement.

Vues de la caserne "1848"Vues de la caserne "1848"
Vues de la caserne "1848"Vues de la caserne "1848"

Vues de la caserne "1848"

La gorge de l'îlot est fermée par un simple mur à bahut, percé d'un porche donnant sur un pont-levis, autrefois surmonté de boulets décoratifs.

Porte et emplacement du pont-levis

Porte et emplacement du pont-levis

3. Un beau pont

Un moyen à la fois élégant et audacieux de franchir l'abîme, c'est le succès assuré. Au fort de Bertheaume, on ne s'en lasse pas depuis le XVIIIe siècle.

Initialement, l'accès au fort des Capucins depuis la côte est prévu au moyen d'une chaussée submersible similaire à celle du fort de Bertheaume. Puis un pont en bois est installé, mais celui-ci supporte mal les conditions météorologiques. Son remplacement par un pont en pierre est demandé en 1860. Celui-ci est construit en 1861-1862 (le voici vers 1900).

Projet du pont en décembre 1860 (© Service historique de la Défense)

Projet du pont en décembre 1860 (© Service historique de la Défense)

Projet d'achèvement du pont en juin 1862 (© Service historique de la Défense)
Projet d'achèvement du pont en juin 1862 (© Service historique de la Défense)

Projet d'achèvement du pont en juin 1862 (© Service historique de la Défense)

Beau pont (signé "GM" pour "Génie Militaire")

Beau pont (signé "GM" pour "Génie Militaire")

A cette occasion les abords de la porte sont refondus. Avant 1862, l'accès au pont-levis se fait via un escalier montant depuis le débouché du pont primitif et depuis des rampes donnant sur la grève. A partir de 1862, le nouveau pont étant plus élevé, l'escalier laisse place à une sorte de place d'arme triangulaire. Le fossé entre celle-ci et la cour du fort est davantage marqué.

En 1862 toujours, est étudiée la possibilité de construire un escalier-rampe en deux volées pour descendre du sommet de la falaise vers le pont, mais le Comité des fortifications ne le jugeant pas utile, le projet est abandonné.

Projet d'escalier-rampe sur la falaise (© Service historique de la Défense)

Projet d'escalier-rampe sur la falaise (© Service historique de la Défense)

4. Des souterrains !

Indispensable. Et si certains peuvent servir à abriter d'énormes canons en mode Navarone, c'est encore mieux.

Après la guerre de 1870, la réorganisation de la défense maritime de Brest implique la création de puissances batteries basses armées de canons capables de perforer les cuirasses des navires modernes. La pointe des Capucins est retenue comme un des sites d'implantation possibles dès les premières études en 1876 (il est même envisagé d'y installer une tourelle cuirassée). Pendant la longue phase d'étude qui occupe la majeure partie des années 1880, le projet évolue vers une batterie casematée non cuirassée, armée de deux pièces de 32 cm croisant leurs feux avec la batterie similaire de la pointe du Minou, constituant ainsi la première ligne de défense du goulet par les feux rasants.

Concernant l'organisation de détail sur place, les ingénieurs hésitent un temps entre creuser la batterie sous l'îlot ou l'installer dans l’anfractuosité entre celui-ci et le rocher situé immédiatement au nord-est. C'est finalement la première option qui est choisie. La batterie est construite en 1888 sur le modèle dérivé du prototype du Portzic. Un poste télémétrique est construit au sommet de la pointe pour diriger le tir des pièces.

Projets pour la batterie casematée en janvier 1887 (© Archives départementales du Finistère)

Projets pour la batterie casematée en janvier 1887 (© Archives départementales du Finistère)

Attachement des maçonneries de la batterie casematée, avril à juin 1888 (© Service historique de la Défense)

Attachement des maçonneries de la batterie casematée, avril à juin 1888 (© Service historique de la Défense)

Batterie casematée, côté pile
Batterie casematée, côté pile

Batterie casematée, côté pile

Batterie casematée, côté face (cliché L. Malchair)

Batterie casematée, côté face (cliché L. Malchair)

Poste télémétrique

Poste télémétrique

D'autres souterrains sont aménagés vers la même époque (ca. 1889-1890) pour accueillir des projecteurs électriques. A une première lampe de 90 cm de diamètre est destiné un tunnel creusé sous l'extrémité de la plate-forme nord. Une deuxième lampe de 60 cm prend place sur la plate-forme sud, dans une cabane légère, mais son abri de jour est logé dans le massif rocheux central, relié par voie étroite.

Dans les années 1900, les deux projecteurs primitifs sont remplacés par des modèles plus grands, de 150 cm de diamètre. Le projecteur nord est fixe, formant une bande lumineuse de détection avec un des projecteurs de Toulbroc'h, quand le projecteur sud est un "feu chercheur" destiné à fouiller l'horizon.

Casemate du projecteur nordCasemate du projecteur nord

Casemate du projecteur nord

Emplacement du poste de combat du projecteur sud et son abri de jour dans le rocherEmplacement du poste de combat du projecteur sud et son abri de jour dans le rocher

Emplacement du poste de combat du projecteur sud et son abri de jour dans le rocher

Les machines alimentant les deux projecteurs sont installées dans un abri-usine construit entre la caserne de 1848 et le rocher. Elle est similaire aux bâtiments du même usage construits au cours des années 1890, formant une grande voûte en maçonnerie.

Des installations annexes sont ajoutées au fil des ans, notamment des réserves d'eau. L'une d'elles est aménagée vers 1890 dans le fossé du fort, dont les deux extrémités sont alors fermées par des batardeaux surmontés chacun d'une dame destinée à empêcher leur utilisation comme cheminement. Vers 1900, une maison à usage de casernement pour les équipes des projecteurs est construite à côté de l'usine.

Usine électrique des projecteurs

Usine électrique des projecteurs

Fossé servant de réservoir d'eau

Fossé servant de réservoir d'eau

Caserne du poste photo-électrique

Caserne du poste photo-électrique

Les plans et photographies anciennes conservés, ainsi que les vestiges sur place,  permettent d'attester de la construction au sommet de l'îlot de deux bâtiments successifs servant de poste de commande à distance des projecteurs et d'observatoire. Le premier sans doute dès les années 1890, le second probablement dans les années 1910, si on en juge par sa ressemblance avec ceux des postes photo-électriques construits juste avant la Première Guerre mondiale. Les deux sont actuellement rasés au niveau du sol. Il faut aussi mentionner (pour ceux que cela passionne) la présence d'un emplacement pour mât de signaux rabattable.

Le poste de commande des projecteurs le plus récent au premier plan, le plus ancien au second

Le poste de commande des projecteurs le plus récent au premier plan, le plus ancien au second

Enfin, toujours au début des années 1890, la plate-forme nord est réinvestie pour l'implantation d'une batterie anti-torpilleurs de quatre canons de 47 mm. L'ancien magasin à poudre de la caserne de 1848 lui sert de magasin à projectiles.

A la fin du XIXe et au début du XXe siècle la pointe des Capucins est bien entendu également dotée de plusieurs batteries de divers calibres (mais nous avons assez à faire avec l'îlot).

Sous-sellette de canon de 47 mm

Sous-sellette de canon de 47 mm

Plan de l'îlot à jour en 1913 (© Service historique de la Défense)

Plan de l'îlot à jour en 1913 (© Service historique de la Défense)

5. Des ruines

Tout est tellement plus inspirant à l'état de ruine ! Ne laissez toutefois pas les choses aller trop loin sous peine de ne plus rien avoir à contempler.

Pendant la Première Guerre mondiale, le fort des Capucins est dépouillé de son armement au profit du front (les canons de 47 mm dès octobre 1914). Les canons de 32 cm des batteries casematées du goulet sont retirés en 1915 afin de devenir de l'artillerie lourde sur voie ferrée. Sauf aux Capucins, où des difficultés d'accès par la mer empêchent l'opération d'avoir lieu avant la fin 1917. Les deux énormes pièces de 48 tonnes sont alors retirées par l'arrière des casemates et hissées au sommet de la falaise, nécessitant la destruction des parois du vestibule et de l'entrée de la batterie casematée, d'une partie de son escalier ainsi que d'un tronçon du mur d'enceinte, et l'arasement d'une des dames du fossé.

Opérations de désarmement de la batterie casematée en novembre 1917
Opérations de désarmement de la batterie casematée en novembre 1917

Opérations de désarmement de la batterie casematée en novembre 1917

Le fort de l'îlot reste en activité durant l'entre-deux-guerres. En 1936, les deux projecteurs de 150 cm sont toujours en service. Le site est alors armé de deux canons de 95 mm servant de batterie de semonce, installés sur des plates-formes circulaires dans l'ancienne batterie nord, et toujours en place en 1940. Pendant la Seconde Guerre mondiale deux canons de 75 mm sont attestés sur des anciens emplacements pour canons de 47 mm.

Emplacements des canons de 95 et 75 mm sur la batterie nord

Emplacements des canons de 95 et 75 mm sur la batterie nord

La contribution de l'entre-deux-guerres consisté également en la construction près des postes de projecteurs - à une date encore inconnue - de deux "repères d'entrée de port" ou R.E.P., dispositifs de guidage des navires amis en temps de guerre quand les autres feux de navigation sont éteints. Celui situé au nord est actuellement très ruiné.

R.E.P. sud et nord (R.I.P.)R.E.P. sud et nord (R.I.P.)

R.E.P. sud et nord (R.I.P.)

Le site est bombardé pendant la Seconde Guerre mondiale. Au sortir du conflit, tous les bâtiments ont perdu leurs toitures (cf. ce flim "Images de vacances" de 1955 - qui n'est pas un flim sur le cyclimse ; les Capucins sont à 2 min 05). C'est le début d'une longue période d'abandon.

Le fort en 1951 (© IGN)

Le fort en 1951 (© IGN)

6. Accès interdit

La transgression augmente le plaisir, c'est bien connu.

Utilisé ponctuellement pour les besoins du centre d'entraînement commando de Quélern des années 1960 aux années 1980, terrain militaire jusqu'en 2009, théoriquement interdit d'accès aux civils, le fort des Capucins sert - aussi - de terrain de jeu aux enfants de la presqu'île quand les militaires n'y sont pas. Quel frisson de descendre par les rampes glissantes à flanc de falaise, franchir l'étroit pont sans garde-corps battu par les vents, emprunter quelques planches lancées au-dessus du fossé ou escalader la dame du batardeau nord, puis arpenter les bâtisses en ruine avant de se risquer dans les entrailles du rocher... Sans se faire prendre !

La cession au Conservatoire du littoral n'a pas changé les règles : l'accès demeure interdit au public pour des raisons de sécurité. Et pourtant, la fréquentation du site ne cesse d'augmenter. Ce n'est plus seulement la jeunesse locale qui vient s'encanailler aux Capucins, mais toute une foule de randonneurs, excursionnistes, familles et autres urbexeurs qui viennent chercher un peu d'aventure dans les "vieilles pierres" protégées au titre des Monuments historiques depuis 2016.

La recette a bien pris.

 

Site dangereux, interdit d'accès (août 2015)

Site dangereux, interdit d'accès (août 2015)

Conclusion : un élément du paysage

"Site absolument remarquable, où l'architecture militaire constitue un élément valorisant certain dans un cadre naturel grandiose" (Philippe Truttmann, 1971).

Comme le fort de Bertheaume à l'époque romantique, le fort des Capucins doit son succès à une combinaison de facteurs énumérée ci-dessus, qui en font un site pittoresque dont la valeur d'ensemble dépasse l'addition de celle de ses parties constituantes. Une alchimie particulière se dégage du sombre rocher entouré par la mer, auréolé de la gloire vaubanienne, où se nichent des vestiges de constructions guerrières abandonnées, comprenant des ouvrages - pont, batterie casematée - dont l'audace architecturale frappe l'imagination. L'état de ruine provoque chez le visiteur une irrépressible mélancolie, une suspension du temps invitant à se pencher sur sa propre finitude et sur la mort annoncée de toute chose. L'îlot des Capucins est en réalité un gigantesque memento mori.

 

Tintagel ? Non, les Capucins (cliché J. Bas)

Tintagel ? Non, les Capucins (cliché J. Bas)

Pourtant, c'est aussi un lieu où la vie demeure. Plantes et animaux ont profité de la désertion des hommes pour (re)coloniser le rocher mutilé. Leur contribution au façonnage du paysage n'est pas pour rien dans l'attrait exercé par le site. Les Capucins sont d'ailleurs depuis 1978 classés au titre de la loi de 1930 sur les paysages.

Car c'est bien en termes de paysage qu'il faut appréhender ce site. Ceci ferme la porte à toute valorisation utilitariste - hélas actuellement triomphante - et appelle à une réflexion de fond sur la manière d'en préserver le fragile équilibre.

P. Jadé

Paysage (cliché J. Bas)

Paysage (cliché J. Bas)

Sources :

Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes, archives de l’État-major de l'Armée.

Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes, archives du Génie.

Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes, archives de l'Artillerie.

Service historique de la Défense, département Marine, Vincennes.

Service historique de la Défense, département Marine, Brest.

Archives départementales du Finistère.

Capitaine de frégate Caroff, Les Forces maritimes de l'Ouest, 1939-1940, Marine nationale, 1954.

Service régional de l'Inventaire de Bretagne.

Guillaume Lécuillier (dir.), Les Fortifications de la rade de Brest : défense d'une ville-arsenal, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « cahiers du patrimoine », 2011.

Jean Peter, Vauban et Brest, une stratégie modèle de défense portuaire (1683-1704), Paris, Economica, 1998.

Fabien Reberac, "Le désarmement des batteries de rupture casematées du goulet de Brest en 1915 et 1917, deuxième partie", Fortifications et patrimoine, n° 12, octobre 1999, p. 13-17.

Donatella Rita Fiorino (ed.), Military landscapes. Proceedings of the international conference. A future for military heritage, Milan, Skira, 2017.

Réflexions sur les ruines par l'archéologue Alain Schnapp

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :