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Association "1846"

La fortification du XIXe siècle : connaître et partager

La guerre navale dans le Pacifique en 1914

L'escadre allemande d'Extrême-Orient, 1914-1915. © Sémhur / Wikimedia Commons

L'escadre allemande d'Extrême-Orient, 1914-1915. © Sémhur / Wikimedia Commons

La guerre faisait rage depuis le début d’août 1914. En Belgique (sièges de Liège et Anvers), puis la bataille des Frontières (les batailles de Rossignol et de Maissin firent du 22 août la journée la plus meurtrière de la guerre). Après la bataille de la Marne, les combats se déplacèrent vers la mer (course à la mer du 12 septembre au 15 décembre avec les batailles de Dixmude et Ypres).

Pendant ce temps, une série de combats navals se déroula dans le Pacifique Sud et autour de l’Amérique du Sud. La Marine française n’y eut qu’un petit rôle en bloquant l’approvisionnement en charbon des navires allemands. Ce retard permit l’arrivée victorieuse des renforts britanniques. Je vais rafraîchir votre mémoire sur des combats lointains qui ont eu lieu de septembre à décembre 1914. Commençons par tracer le cadre de l’affaire : quels sont les belligérants et leurs moyens.


L’empire colonial allemand dans le Pacifique

Avant la proclamation de l’Empire germanique dans la Galerie des Glaces du château de Versailles, le 18 janvier 1871, différents états allemands avaient des comptoirs commerciaux en Afrique et en Océanie.

L’Empire germanique se voulant l’égal du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande, envisagea aussi de s’étendre sur le monde. Dans les préliminaires du traité de Francfort, le comte Bismarck envisagea d’imposer à la France la cession de ses colonies africaines mais en fut dissuadé par la Grande-Bretagne qui ne voulait pas d’un concurrent trop puissant. Quand il quitta les affaires, en 1890, l’empire colonial était 5 fois plus grand que l’Allemagne, avec 12.860.000 habitants dont 18.370 Allemands. Il s’agissait d’exploitation vivrière et minière, pas de peuplement.

En 1914, l’empire colonial allemand s’étendait sur l’Afrique (Togo, Cameroun, Rwanda-Urundi, Tanganyka, Namibie (où les tribus Héréros et Namas furent exterminées) et l’Asie (bail de 99 ans à Tsingtao, en Chine) et l’Océanie (partie Est de la Nouvelle Guinée, îles Samoa, Marshall, Nauru, partie des îles Salomon).

La doctrine de Monroe empêchait la création de colonies allemandes en Amérique du Sud mais la diaspora allemande y était importante et influente (un général allemand fut commandant de l’armée chilienne de 1900 à 1910). Elle fournira des navires charbonniers pour favoriser les mouvements de l’escadre allemande de Chine.


L’escadre allemande d’Extrême Orient

L’escadre allemande disposait d’un bon port et d’un arsenal à Tsingtao. Elle était commandée par le vice-amiral Comte von Spee. Elle comprenait des navires récents aux équipages bien entraînés :

 - Croiseurs cuirassés SMS Scharnhorst et Gneisenau, mis en service en 1907 et 1908 avec 8 canons de 210 mm et 6 canons de 150 mm.

- Croiseurs légers SMS Leipzig, SMS Nürnberg, SMS Dresden, SMS Emden, mis en service entre 1906 et 1909, avec 10 canons de 105 mm, chacun.

Croiseur cuirassé SMS Gneisenau. Collier's Photographic History of the European War (New York, 1916) / Wikimedia Commons

Croiseur cuirassé SMS Gneisenau. Collier's Photographic History of the European War (New York, 1916) / Wikimedia Commons

Tourelle arrière (210 mm) du croiseur cuirassé SMS Scharnhorst. The Great War: The Standard History of the All Europe Conflict (volume four) edited by H. W. Wilson and J. A. Hammerton. Amalgamated Press (Londres, 1915) / Wikimedia Commons

Tourelle arrière (210 mm) du croiseur cuirassé SMS Scharnhorst. The Great War: The Standard History of the All Europe Conflict (volume four) edited by H. W. Wilson and J. A. Hammerton. Amalgamated Press (Londres, 1915) / Wikimedia Commons

L’amiral von Spee a deux préoccupations : il ne peut pas engager un combat contre des forces supérieures, qui lui infligeraient des dommages incapables à réparer avant son retour en Allemagne et il doit trouver du charbon. Les pays neutres autorisent une escale de 48 heures pour se ravitailler. Il peut compter sur des sociétés germanophiles pour affréter des charbonniers, auxquels il fixe des rendez-vous discrets. Il peut saisir le charbon de bateaux civils ennemis. Enfin, il peut saisir les stocks français à Tahiti et anglais aux Falkland. De toute façon, il lui en faut beaucoup.

 

Les moyens de défense de l’Entente

La Grande-Bretagne, préoccupée par la flotte de Haute-Mer allemande en mer du Nord, et la France, par le transfert des troupes d’Algérie vers la métropole, n’avaient pas d’escadre dans le Pacifique. Des navires étaient cependant positionnés dans l’Atlantique pour y chasser les corsaires allemands.

Seul le croiseur de bataille HMAS Australia, tout neuf avec 8 canons de 305 mm, était supérieur aux croiseurs de bataille allemands.

Les pays de l’Entente pouvaient compter sur l’assistance du Japon, lié par un traité avec la Grande Bretagne, depuis 1905, qui fera le siège de Tsingtao, et sera récompensé, par le Société des Nations, par un mandat sur les anciennes colonies allemandes du Pacifique.


Le contexte dans le Pacifique

Dès 1880, la Marine française avait fait construire un fort équipé de neuf canons pour protéger l'entrée de Papeete. Mais, 25 ans plus tard, les pièces d'artillerie étaient mollement couchées sur le sol parmi les fleurs et les mousses. Les affûts, tapissés de plantes grimpantes, étaient solidement assujettis par un enchevêtrement de lianes vivaces du plus bel effet. Bref, la forêt tropicale, exubérante, avait repris ses droits et enseveli la batterie.  [Ce point de vue est peut-être exagéré, il y avait quand même des artilleurs].

En 1914, Tahiti disposait, selon le général Abadie dans son livre La défense des Colonies (Charles-Lavauzelle 1927) au Mont Faiere, de 2 canons de 24 c modèle 1864 modifié 1870 sur affût Marine à pivot central et 10 canons de 16 c modèle 1858-60). De toute façon, ces canons étaient obsolètes. La garnison française de Papeete se résumait à une compagnie d'infanterie de marine, 45 artilleurs et 50 gendarmes, renforcée par la présence de La Zélée, canonnière commandée par le lieutenant de vaisseau Maxime Destremau.

La Zélée, lancée en 1900, se trouve à Papeete au début de la Grande Guerre. Elle est armée de 2 canons de 100 modèle 1893, 4 canons de 65 modèle 1891 et 4 canons de 37. Il n’est pas question de mitrailleuses à bord.

Canonnière Zélée. Wikimédia Commons

Canonnière Zélée. Wikimédia Commons

La Zélée aux Marquises en 1910. Carte postale / Wikimédia Commons

La Zélée aux Marquises en 1910. Carte postale / Wikimédia Commons

Le début des évènements

Début septembre, une menace se précise sur Tahiti. L’escadre allemande, stationnée en Chine, à Tsingtao, a disparu. Elle comprend, en plus de croiseurs, deux croiseurs cuirassés, les Scharnhorst et Gneisenau, armés de 8 canons de 210. La Zélée n’est pas de force à les combattre.

Une escadre anglo-japonaise a bien bloqué Tsingtao, le 24 août, mais l’escadre allemande n’y était pas.

Ayant appareillé de Tsingtao, avec le SMS Scharnhorst, le 20 juin 1914, pour la croisière annuelle d'été, l'amiral comte von Spee retrouva le SMS Gneisenau, à Nagasaki, où les deux navires firent le plein de charbon. Ils mirent alors le cap au sud, en direction de Truk, alors possession allemande depuis 1899, où il compléta son approvisionnement de combustible.

Ayant appris en route l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand à Sarajevo, il mit le cap sur Ponape, colonie allemande dans l'archipel des Carolines, où il arriva le 17 juillet. Grâce au réseau radiotélégraphique allemand, il put y suivre le développement de la crise européenne. Le 31 juillet, à l'expiration de l'ultimatum allemand à la Russie d'arrêter sa mobilisation, il mit ses navires en ordre de combat. Le croiseur SMS Nürnberg l'y rejoignit le 6 août. Il fixa alors, à tous les croiseurs de son escadre et à son train d'escadre, comme point de ralliement, l'île Pagan, dans les Mariannes du Nord, au nord de Saïpan, territoires également acquis par l'Empire allemand à l'Espagne par le traité germano-espagnol de 1899, avec l'idée de pouvoir retourner à Tsingtao, ou d'aller opérer dans l'Océan Indien. Il y parvint le 11 août. Il y trouva le croiseur SMS Emden, parti de Tsingtao dès le 31 juillet, dans la crainte d'une attaque surprise japonaise, et arrivé le 8 août. Il y fut rejoint, le 12, par le croiseur auxiliaire Prinz Eitel Friedrich. Il détacha ces deux unités pour courir sus aux navires de commerce britanniques, respectivement dans l'océan Indien et dans le Sud de l'océan Pacifique. Mais, ayant appris l'imminence d'une entrée en guerre du Japon contre l'Allemagne, il décida de mettre le cap à l'Est et appareilla le 14 août pour l'atoll d'Eniwetok, colonie allemande depuis 1885. Il y parvint le 20 août, et y charbonna.

Le SMS Nürnberg étant habituellement le stationnaire de l'escadre devant les côtes mexicaines, en alternance avec le SMS Leipzig, l'amiral von Spee lui demanda d'aller à Honolulu, dans les îles Hawaï, Territoire d’Hawaï, dépendant des États-Unis, donc neutre, où il y aurait plus de facilités pour établir le contact avec l'État-Major de la Marine impériale allemande, sans pour autant donner trop d'indications sur la position du gros de l'escadre. En naviguant entre possessions allemandes, celle-ci avait réussi à conserver sa position secrète. La mission du SMS Nürnberg était aussi d'organiser le ravitaillement en charbon de l'escadre pour la suite de la campagne dans le Pacifique. Il apprend alors que la colonie des Samoa allemandes a été occupée par les Néo-Zélandais, fin août. Il rallie l'escadre le 6 septembre, et est envoyé couper le câble télégraphique britannique, sur l'île Fanning.

L'amiral von Spee va alors rompre le secret sur sa position, en se présentant le 14 septembre, devant Apia, capitale des Samoa allemandes, où il constate que les forces navales qui ont permis l'occupation sont reparties depuis trois jours, mais sans qu'il puisse y rétablir durablement l'autorité allemande sur les îles, dont le Gouverneur a été emmené prisonnier, ce qu'il trouve indigne. Il décide alors de s'en prendre à la Polynésie française, où se trouvait, dans l'île de Tahiti, à Papeete, un stock de 5 000 tonnes de charbon de bonne qualité.

La bataille de Papeete

Le 12 août, la Zélée avait arraisonné un cargo allemand, le Walkure, et l’avait ramené à Tahiti. Il avait chargé des phosphates à Makatea.

Le LV Destremau avait été prévenu de possibles attaques allemandes, après qu'une escadre allemande eut été aperçu au large des Samoa. Comme il n'était pas envisageable de lui résister, dans un combat naval, avec sa vieille canonnière, Destremau en fit débarquer presque toute l'artillerie, (le canon de 100 mm arrière et les quatre canons de 65 mm) pour renforcer les défenses littorales. Il est dit que le canon de 100 arrière fut monté sur le mont Faieré avec les 65 mm, aux ordres de l’enseigne Charron. En plus du canon, il a fallu certainement débarquer l’affût et le fixer. Le canon de 100 avant est resté à bord, sans ses munitions portées à terre. La Zélée est préparée pour un sabordage dans les passes.

Les canons de 37 mm auraient été montés sur camion, suivant une source, pour s’opposer à un débarquement probable.

Les croiseurs cuirassés allemands se présentent, le 22 septembre, devant la passe d’entrée de Papeete. A 2.000 m du récif de corail, ils sont accueillis par quelques coups de semonce des canons de 65 m. Fort surpris mais confiant dans son artillerie très supérieure, von Spee s’écarte hors de portée et tire plusieurs salves sur la forêt vierge. Puis il se présente à nouveau. Destremau fait saborder alors le Walküre pour obstruer la passe et mettre le feu au dépôt de charbon (principale ressource de Tahiti intéressant les Allemands), et aussi, détruire les marques des alignements d'entrée dans la rade. Son second, EV1 Barbier, saborde la Zélée, conformément aux ordres qu'il avait reçus « en dernier ressort pour l'empêcher de tomber entre les mains de l'ennemi ». Le commandant de la batterie de côte, l'EV1 Charron, bien conscient qu'avec les faibles calibres dont il dispose, il ne peut pratiquement infliger aucun dégât aux croiseurs, s'abstient de tirer pour ne pas être localisé et pour réserver ses coups à toute embarcation qui se présenterait dans la passe.

Les deux croiseurs, craignant un piège, quittent finalement Papeete, indemnes après avoir tiré un total de 80 obus sur Papeete, dont un sur la Zélée. De l'infortunée canonnière, des plongeurs locaux remontèrent bientôt le pavillon, qui fut remis à son commandant. Le centre de la ville fut détruit mais les habitants avaient fui, il n’y eut que 3 morts, 2 Tahitiens et 1 Chinois.

Le dictionnaire Roche indique que la Zélée fut coulée le 29 septembre pour obstruer les passes (en cas de retour allemand). Apparemment, elle n’est pas arrivée jusque-là puisque l’épave est bien localisée.

Les croiseurs cuirassés allemands bombardant Papeete. Illustrierte Geschichte des Weltkrieges 1914 (1915) / Wikimédia Commons

Les croiseurs cuirassés allemands bombardant Papeete. Illustrierte Geschichte des Weltkrieges 1914 (1915) / Wikimédia Commons

Dégâts à Papeete. Le Miroir, 6 décembre 1914 / Wikimédia Commons

Dégâts à Papeete. Le Miroir, 6 décembre 1914 / Wikimédia Commons

Suite et fin pour l’escadre allemande d’Extrême-Orient

La principale conséquence stratégique de l'engagement est la divulgation de la position des croiseurs à l'Amirauté britannique et une des raisons qui pousseront celle-ci à chercher à les intercepter.

Une division est formée autour des croiseurs cuirassés HMS Good Hope, de 1901 avec 2 canons de 234 mm et 10 canons de 152 mm, et HMS Monmouth, de 1903 avec 14 canons de 152 mm, ainsi que le croiseur léger HMS Glasgow, de 1910 avec 2 canons de 152 mm. Le vieux cuirassé HMS Canopus, de 1897 avec 2 canons de 305 mm, doit rejoindre mais ses machines sont en mauvais état et ne peut pas suivre.

L’escadre allemande arrive à l’île de Pâques, le 12 octobre, où la nouvelle de la guerre n’est pas connue. Le 26 octobre, elle se trouve devant l’île chilienne de Mas a Fuera où le Glasgow avait été signalé. Les deux escadres se rencontrent près du port de Coronel, le 1er novembre vers 16.30.

L'escadre allemande va alors s'efforcer de garder ses distances, jusqu'au coucher du soleil, moment où les bâtiments anglais, à l'ouest, se détacheront sur le soleil couchant, tandis que les navires allemands, à l'est, seront dans la pénombre. Les croiseurs cuirassés allemands ouvrent le feu vers 18h50, leur tir est précis, la tourelle avant de 234 mm du HMS Good Hope est mise très vite hors de combat. En s'efforçant de rester hors de portée des canons de 152 mm des croiseurs cuirassés britanniques, dont la batterie basse est très gênée par la mer fort agitée, et dont les efforts pour réduire la distance ne font que rendre le tir allemand plus précis, ils accablent le HMS Monmouth et le réduisent au silence. Peu avant 20 h, le HMS Good Hope, sans doute déchiré par des explosions de magasins, disparait avec tout son équipage et l'amiral Cradock. Le HMS Glasgow, qui n'a subi que des dégâts légers, est pris sous le feu du SMS Gneisenau, et constatant qu'il n'y a plus rien à faire pour le HMS Monmouth, abandonne le champ de bataille et met cap au sud. Le HMS Monmouth disparait à son tour, corps et biens vers 21h30. L'escadre allemande recherche alors, sans résultat, le HMS Glasgow, qui était encore capable de filer 24 nœuds. À 22h15, l'amiral von Spee, qui pense qu'un cuirassé britannique, est à proximité, arrête la poursuite et met cap au nord vers Valparaíso.

La bataille de Coronel est une écrasante victoire allemande, les pertes humaines britanniques (plus de 1 600 hommes) sont considérables, pour trois blessés allemands. Mais, pour venir à bout de deux navires qui leur étaient inférieurs, les croiseurs cuirassés allemands, malgré la précision de leur tir, ont dû utiliser 43 % de leurs munitions, sans espoir de réapprovisionnement, alors qu'ils vont avoir à affronter des forces bien plus impressionnantes encore.

Le 3 novembre, l’escadre allemande est accueillie triomphalement par la communauté allemande de Valparaiso, puis se dirige lentement vers le Sud. Elle franchit le Cap Horn, le 26 novembre, relâche derrière l’île Picton, à la sortie du canal de Beagle, se ravitaillant auprès d’un charbonnier anglais arraisonné, puis s’en va attaquer les îles Falkland (sa station radio et son dépôt de charbon), où elle arrive le 8 décembre.

La défaite de Coronel a créé un choc à Londres. L’Amirauté britannique ordonne à tous les navires se trouvant dans l’Atlantique Sud de rallier les côtes du Brésil, soit les croiseurs cuirassés HMS Cornwall, Carnavon et Kent et le croiseur léger HMS Bristol. Ils doivent y attendre deux croiseurs de bataille HMS Invincible et Inflexible, armés de 8 canons de 305 mm, qui appareillent le 11 novembre.

L’escadre arrive aux Falklands, le 7 décembre, une journée avant l’escadre allemande et commence à charbonner. L’amiral von Spee en aperçoit les mâts, et fait demi-tour. L’escadre britannique quitte son mouillage 1 heure plus tard.

Après trois heures de poursuite par beau temps clair, les croiseurs de bataille britanniques parviennent à portée des navires allemands, et un scénario analogue à celui de la bataille de Coronel se reproduit : vers 13h20, l'amiral allemand, qui se sait surclassé, fait front avec ses navires les plus puissants, les deux croiseurs cuirassés de la classe Scharnhorst pour permettre à ses croiseurs légers d'essayer de s'échapper. Il essaie de réduire la distance avec ses adversaires pour les avoir à portée de ses canons, mais le tir des canons de 210 mm est de peu d'effet sur des ceintures cuirassées de 152 mm. L'amiral anglais essaie au contraire de rester hors de portée des canons de 210 mm, en profitant de l'allonge de ses canons de 305 mm.

Après quinze impacts d'obus de 305 mm, le SMS Scharnhorst, en feu, gite fortement puis chavire, vers 16h20. Il disparaît avec tout son équipage et l'amiral comte von Spee. Les chaudières du SMS Gneisenau ont été touchées, sa vitesse ne peut dépasser 16 nœuds. Peu avant 18h, en feu et immobilisé, ses munitions épuisées, le croiseur cuirassé allemand baisse pavillon et son équipage le saborde. 200 hommes réchappent au naufrage. Il ne reste plus, pour les croiseurs britanniques qu'à régler le sort des croiseurs légers. Le SMS Nürnberg est coulé par le HMS Kent, vers 19h30, le SMS Leipzig par le HMS Cornwall, et le HMS Glasgow, vers 21h30. Seul le SMS Dresden réussit à prendre le large, mais il ne va pas tenter de regagner l'Allemagne, et restera dans les eaux chiliennes. Ses machines en panne, il sera coulé par le HMS Kent, le HMS Glasgow et le HMS Orama, dans les eaux chiliennes au large de Mas a Tierra, le 14 mars 1915. Les Allemands eurent 1871 morts et 215 prisonniers, les britanniques 10 morts seulement.

Ainsi finit la carrière de la si brillante escadre d’Extrême-Orient, qui affola un jour le Royaume-Uni.

La fin du Scharnhorst et du Gneisenau à la bataille des Falklands, par William Lionel Wyllie. Wikimédia Commons

La fin du Scharnhorst et du Gneisenau à la bataille des Falklands, par William Lionel Wyllie. Wikimédia Commons

Le LV Destremau, accusé par le Gouverneur d’avoir laissé bombarder Papeete, sera renvoyé en France et passera en conseil de guerre. Il mourra le 7 mars 1915 d’une crise d’urémie avant d’être blanchi, en décembre 1915.

Y. Hubert

Source :

Marcus Faulkner, The Great War at Sea, a naval atlas 1914-1919, Naval Institute Press, 2015.

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