La fortification du XIXe siècle : connaître et partager
22 Mai 2016
Il existe à Lanester, immédiatement au nord du pont de chemin de fer, une série de murs crénelés bien énigmatiques. La tradition voit là les vestiges d'un ouvrage du XVIIIe siècle participant à la défense du Scorff, la batterie de Kerhono.
Il n'en est rien...
Certes, l'emplacement de la batterie du XVIIIe siècle se situe bien dans ces parages, entre la fosse aux mâts (bassin de DCNS) et le talus de chemin de fer. Mais les vestiges visibles sont plus récents et correspondent à une portion d'enceinte bastionnée construite sous le Second Empire.
Dans les années 1840, le génie de la place de Lorient fait des projets d'enceinte pour abriter les chantiers navals de Caudan. Ces projets aboutissent à la fin des années 1850. Mais les travaux commencés en 1859 sont interrompus en 1860 à la demande de la marine qui estime que l'enceinte en construction lui laisse trop peu d'espace. Seuls deux bastions (14 et 15) et la courtine les reliant sont commencés, ainsi qu'un troisième bastion (17) isolé.
Une deuxième enceinte est alors entreprise. Les bastions 14' et 15' et la courtine les reliant sont construits en 1863-1865 (aux frais de la compagnie de chemin de fer d'Orléans). Mais les travaux sont de nouveaux interrompus et ne sont pas repris malgré l'existence de projets jusqu'à à la fin des années 1860.
Les deux enceintes de Caudan visibles de part et d'autre du talus de chemin de fer sur une photographie aérienne de 1924. © Géoportail
Les vestiges de murs crénelés observables au nord de la voie ferrée sont ceux de cette deuxième enceinte de Caudan avortée. Ce qui est régulièrement présenté comme la « batterie de Kerhono » est le bastion 14'. La courtine le reliant au bastion 15' disparu fait maintenant office de mur de fond de jardin pour les propriétés de la rue Raymond Guillemot. Il reste également des traces de la première enceinte dans le mur de clôture des chantiers navals.
P. Jadé
Sources :
Service historique de la Défense, Vincennes, archives du Génie