6 Janvier 2017
On l'oublie parfois, mais la tour Vauban de Camaret a eu une carrière après la bataille du 18 juin 1694.
A l'instar d'autres ouvrages (cf. notre article sur la batterie de Cornouaille), cette batterie est modifiée pour l'adapter à l'évolution de son armement. En 1780, les embrasures sont bouchées lors du passage aux affûts de côte permettant le tir à barbette, par dessus le parapet. Dans les années 1790, un fourneau à rougir les boulets est construit, qui est un des rares à subsister. L'ouvrage sert durant toutes les guerres de la Révolution et de l'Empire.
Toutefois, même modernisée, la batterie vaubanienne n'est plus au niveau dans les années 1840. Pour pouvoir encaisser l'impact des nouveaux projectiles explosifs, les parapets des batteries de côte doivent désormais être des masses de terre de six mètres d'épaisseur. Or la place viendrait à manquer dans la batterie de Camaret si cette modification y était effectuée. De plus, il est recommandé d'éviter d'adosser les batteries à des obstacles verticaux - pans de falaise ou bâtiments - sous peine de voir les servants accablés d'éclats en cas de coup passant au-dessus du parapet.
Les ingénieurs militaires choisissent donc de placer les trois canons de 30 livres et les trois obusiers de 22 cm attribuées par la Commission de défense des côtes de 1841 dans une batterie à construire à l'extérieur de la tour, entre celle-ci et la chapelle Notre-Dame de Rocamadour. L'ancienne batterie et sa tour sont conservées comme réduit.
Cette batterie est construite en 1861 sous la forme d'un épaulement en ligne brisée, en terre avec murs de soutènement en maçonnerie. Un de ces murs, le long du fossé de la tour, est le seul vestige de cette batterie, par ailleurs visible sur les cartes postales du début du XXe siècle (à la fin de la Première Guerre mondiale son emplacement est occupé par des hangars de la base d'hydravions de Camaret).
L'épaulement de la batterie de 1861 visible sur des cartes postales du début du XXe siècle (coll. D. Cadiou)
Reste du mur de soutènement est de la batterie extérieure visible sur la contrescarpe du fossé de la tour Vauban
P. Jadé
Sources :
Service historique de la Défense, Vincennes, archives du Génie et de l'Artillerie
Lécuillier Guillaume (dir.), Les Fortifications de la rade de Brest : défense d'une ville-arsenal, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « cahiers du patrimoine », 2011
Revue Avel Gornog, n° 16, août 2008